Pourquoi vouloir être totalement original peut détruire votre créativité
Quand je suis arrivée à Paris au début de la vingtaine pour étudier le design visuel, j’avais une obsession : être “noble”. Ne copier personne. Créer des choses entièrement nouvelles. Je croyais que c’était le seul moyen de prouver mon talent, de devenir ce “designer démoniaque” qu’on respecte et craint à la fois.
Mais j’ai vite compris que :
Le 100% original est souvent un cauchemar.
Sans référence, sans cadre, un design devient souvent bizarre, confus ou simplement mauvais. La vraie créativité repose sur ce qui existe déjà. Les meilleurs designs reprennent un éclat du passé, pour le transformer intelligemment.
J’ai rejeté toute influence pendant des années, pensant que même une simple inspiration était du plagiat. Un jour, j’ai même copié ironiquement une idée d’un camarade juste pour protester. Pourtant, leurs projets fonctionnaient. Pas parce qu’ils copiaient, mais parce qu’ils savaient faire évoluer ce qui existe déjà.
Pourquoi se battre contre l’histoire, alors qu’on peut se hisser sur les épaules des géants ?
Design ≠ Mode (du moins, pas partout)
Mon école fonctionnait un peu comme une formation en atelier. Peu ou pas de cours d’histoire de l’art ou du design. Je trouvais ça vieux, dépassé, inutile.
Comme beaucoup, j’apprenais sur le terrain : dans les grands magasins, devant les vitrines. À Paris, design et mode se mélangent. Je pensais que c’était la norme partout.
Mais en voyageant, j’ai réalisé :
Design et mode sont deux mondes différents.
Seule Paris les confond avec tant d’élégance.
Piégé entre plagiat et isolement
Les étudiants en design tombent souvent dans deux pièges :
-
Répéter les mêmes thèmes usés (copier sans profondeur), ou
-
Créer à partir de rien, et produire des œuvres confuses, déconnectées.
En discutant avec des amis en école d’art, j’ai vu l’intérêt d’un cadre plus théorique.
Même dans le design commercial, une structure peut aider à équilibrer originalité et lisibilité.
Conclusion
L’originalité ne veut pas dire créer à partir de rien.
Le design n’est pas un acte solitaire héroïque. C’est un dialogue constant avec l’histoire, le marché, le public.
Nous n’inventons pas les idées. Nous les faisons évoluer.
Le vrai design ne naît pas du vide. Il évolue à partir du passé.
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